Les langues des signes à travers le monde

En Belgique francophone, la langue signée d’usage est la langue des signes de Belgique francophone dont l’abréviation est « LSFB ». Mais il y a d’autres langues signées à travers le monde. Il en existe autant de langues signées qu’il y a de communautés sourdes.

Leur analyse et l’étude de leur histoire nous permet de constater que certaines sont organisées en « familles » comme pour les langues parlées (langues germaniques, latines, etc.) et que d’autres sont vraiment propres à des régions ou même des villages(1). De plus, au sein d’une même langue signée, nationale, par exemple, il y a encore souvent des variations linguistiques régionales.

Les familles de langues des signes à travers le monde sont nombreuses et elles ne correspondent pas aux mêmes familles que les langues parlées. Leur regroupement peut être étonnant. Il s’explique parfois par le contexte historique des pays entre eux mais aussi très souvent et tout simplement, par un contexte historique propre à l’histoire des sourds. Par exemple le fait que les professeurs sourds qui ont commencé à enseigner la langue des signes dans les écoles pour sourds aux Etats-Unis venaient de France.

Cela a donné naissance à la famille des langues des signes françaises et ensuite à ses sous-familles. La langue des signes américaine (American Sign Language – ASL) fait partie d’une de ces sous-familles (celle des langues des signes américaines) de même que la québecoise (Langue des Signes Québecoise – LSQ) et de nombreuses langues des signes africaines.

Les deux langues des signes de Belgique font partie d’une autre de ces sous-familles qui comprend la langue des signes de Belgique francophone (LSFB), la langue des signes flamande (Vlaamse Gebarentaal – VGT) et la langue des signes néerlandaise (Nederlandse Gebarentaal – NGT). C’est pour cette raison que la langue des signes de Belgique francophone est à la fois proche de la langue des signes flamande et de la langue des signes française, alors que le français et le néerlandais sont eux, très différents.

Il y a plein d’autres familles comme par exemple : la famille des langues des signes japonaise-coréenne-taiwanaise, la famille des langues des signes de Grande-Bretagne (British Sign Language – BSL) ou encore, la famille arabe. Il y a aussi la famille indo-pakistanaise-népalaise, ou encore la famille russe et bien d’autres encore. En Amérique du sud et en Afrique aussi, il y a des petites familles et le regroupement de leurs langues des signes ne correspond pas toujours à la proximité géographique des pays entre eux.

Il y a aussi, et ça c’est un peu plus spécial, des langues des signes qui sont propres à un village ou une toute petite région. Cela s’explique par le fait que dans certains villages, il y a une proportion élevée de sourds dont la surdité est d’origine génétique, comme dans la vallée d’Adamorobe dans le sud du Ghana ou à Kata Kolok au nord de Bali en Indonésie. Dans ces villages, il y a aussi une proportion élevée de personnes entendantes qui utilisent et pratiquent la langue des signes locale. Les enfants qui grandissent dans ces villages grandissent en devenant bilingues (langue des signes locale et langue parlée et écrite locale).

Cela casse un peu le mythe d’une langue des signes universelle n’est-ce pas ? Et pourtant… Les personnes sourdes/malentendantes tiennent à la diversité de leurs langues signées tout autant que les personnes entendantes tiennent à la diversité de leurs langues orales et refusent un monopole de l’anglais.

En revanche, à la différence de l’anglais qui est utilisé lorsque deux personnes étrangères oralistes (mot qui désigne les personnes qui s’expriment oralement) se rencontrent et qui nécessite un long temps d’apprentissage préalable pour être maîtrisé, les personnes sourdes/malentendantes signantes étrangères sont capables d’établir un moyen de communication qui devient très rapidement efficace.

Cette efficacité pour établir une communication commune à partir de langues signées parfois très différentes peut être hallucinante. Cette habilité a permis l’émergence de ce qu’on appelle les signes internationaux. C’est une sorte d’espéranto des langues signées, sauf qu’à la différence de l’espéranto qui a été construit de façon artificielle, les signes internationaux se construisent naturellement et directement au travers des interactions entre les natifs de différentes langues signées.


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