La Commission Consultative de la Langue des Signes, à quoi sert-elle, et où en est-elle?


Si vous êtes un membre actif de la communauté sourde en Belgique francophone vous avez certainement déjà entendu parler de la Commission Consultative de la Langue des Signes (CCLS). Cette Commission, qui a été créée en 2004 a, en 2017, fait l’objet d’une restructuration. Mais à quoi sert-elle donc ? Qui y siège et qu’y fait-on ?

Attention, la vidéo en LSFB ci-dessus n’est pas une traduction de cet article, elle n’en est qu’une version.

La langue des signes de Belgique francophone (LSFB) a été reconnue par le Parlement de la Communauté française en octobre 2003. Un décret relatif à sa reconnaissance a ensuite été promulgué, le 22 octobre 2003 pour être exact. Ce décret a aussi institué la Commission Consultative de la Langue des Signes.

Cette commission composée de différents représentants de diverses institutions subventionnées par la Communauté française, et ayant un lien avec la langue des signes, et qui sont nommés pour une durée de quatre ans, est chargée de remettre au Gouvernement des avis et des propositions sur l’utilisation de la langue de signes. Elle doit aussi fixer quelles sont les mesures d’exécution qui sont nécessaires pour qu’elle puisse être effectivement utilisée.

En 2002, l’Université Libre de Bruxelles et le laboratoire de recherche PROFILS (Programme de recherche, d’orientation et de formation pour les interprètes en langue des signes) de l’Institut Marie Haps de Bruxelles ont réalisé un rapport de faisabilité de la reconnaissance de la LSFB. Il a eu le mérite d’établir une liste détaillée de recommandations hiérarchisées.

Cette liste de 75 recommandations a permis à la Commission Consultative de la Langue des Signes, nouvellement créée en 2004, d’organiser ses premiers groupes de travail. Hélas, toutes les priorités n’ont pas pu être traitées en profondeur et la Commission, à l’époque, s’est vue contrainte de voter celles qui le seraient. Ainsi, seulement 20 recommandations ont été retenues pour faire l’objet de travaux. Ces travaux ont été réalisés par quatre sous-commissions. Sur l’ensemble des deux mandats qu’a connu la CCLS (2004-2008 et 2008-2015), ces travaux ont quand même donné naissance à 15 avis qui sont consultables ici. Cinq à six d’entre eux fait l’objet de mesures satisfaisantes, quatre-cinq autres n’ont pas abouti sur ce qui était escompté au départ par les membres de la Commission et cinq autres n’ont pas été suffisamment bien suivis.

Néanmoins, les premières formations de la commission posaient quelques problèmes. Les membres sourds pointaient du doigt le rapport inégalitaire entre le nombre de personnes sourdes et le nombre de personnes entendantes. Les membres de la Commission n’étaient pas non plus tenus de connaître la langue des signes de Belgique francophone, ce qui posait alors des problèmes. Pour l’ancienne coordinatrice de la Commission Françoise Humblé, qui nous confiait en 2013 pour notre trimestriel de l’époque, le Sournal (voir numéro 117), « La structure de la CCLS ne donnait pas de véritable place et parole aux Sourds. C’est ainsi qu’alors qu’ils étaient moyennement présents au début de sa création, leur nombre a diminué. Ils sont revenus en force dès juin [le deuxième mandat a pris cours en 2008]. Il n’en restait pas moins malaisé de parler de langue des signes au sein de la commission lorsqu’il y avait si peu de membres Sourds et que la majorité des représentants avaient du mal à envisager une véritable perspective d’avenir pour une langue qui n’était pas moins importante que le français. Beaucoup de représentants au sein de la commission ne faisaient d’ailleurs pas la différence entre la langue des signes et le français signé. C’était donc une absurdité un peu effrayante. ». Ces détails avaient leur importance pour les membres sourds qui se demandaient comment certains membres de la Commission pouvaient ainsi être en mesure d’accorder une véritable place socio-linguistique à une langue sans en maîtriser les subtilités.

Comme on le verra deux ans après ces remises en question de fond, soit en 2015, la Commission qui était donc sous la tutelle de la Direction générale de la Santé a transférée à la Direction générale de la Culture, où elle a été remise sur pied en 2017. Ce transfert a pu être réalisé grâce à mesdames France Lebon, Linda Annaert et Françoise Humblé. Il devrait permettre de mieux répondre, désormais, aux attentes des personnes sourdes qui faisaient partie de la Commission lors de ses deux premiers mandats.

Le 24 octobre 2017, la Fédération Wallonie-Bruxelles a malgré tout inauguré la nouvelle Commission Consultative de la Langue des Signes et présenté ses membres, en indiquant qu’un appel à candidatures complémentaire serait lancé pour pourvoir les postes manquants (1 effectif et 6 suppléants).

La Fédération Francophone des Sourds de Belgique représente les associations agréées et reconnues de sourds  avec notre animateur Monsieur Jérôme Duquesne comme membre effectif et  notre coordinatrice Valérie Neysen comme membre suppléante. En février 2018, la première réunion  de travail de la Commission Consultative de la Langue des Signes n’a pas encore eu lieu. C’est à cette occasion que les membres doivent discuter de la façon dont ils vont désormais travailler sur les points d’attention que requiert la langue des signes de Belgique francophone.

Il va de soi que nous allons suivre les dossiers de la CCLS en 2018 et lors des années suivantes. Chaque fois que possible, nous vous tiendrons au courant, ici sur le site de la Fédération, des changements concrets qu’auront permis les travaux de la CCLS dans lesquels nous aurons pris une part active.